Le FMI révise sa doctrine économique

Photo d'archives/REUTERS/Bogdan Cristel

Le FMI vient de publier, sous la direction d’Olivier Blanchard, ses réflexions sur la manière d’orienter les politiques économiques. C’est à la fois un retour sur les certitudes erronées d’avoir appris à juguler les crises, et une remise en cause de la gestion a minima par les autorités publiques.

Le but général est toujours le même: rechercher une stabilité de l’inflation et de la production (plus précisément du ratio production/capacité productive). Mais les moyens changent quelque peu:

Le taux d’intérêt n’est un instrument adapté que pour traiter de mouvement globaux de la liquidité. Face à des formations de bulles, on se retrouve placé devant un dilemme: laisser la bulle se développer, ou serrer la vis monétaire et casser les pattes à l’économie entière. D’où l’appel à un renforcement de la régulation financière, en particulier sur la couverture et les effets de levier, qui permette de traiter des problèmes plus spécifiques. Le FMI suggère pour éviter les couacs que la régulation financière soit attribuée à la banque centrale. De mon point de vue, cela repose quelque peu la question de l’indépendance de la banque centrale mais c’est un autre débat.

La cible de la politique monétaire devrait rester une inflation faible et régulière, mais celle-ci devrait monter plutôt à 5% qu’à 2% comme à l’heure actuelle. Car sinon, en cas de crise et de déflation les taux de la banque centrale tombent rapidement à 0% ce qui limite très réellement sa capacité d’intervention: il lui faut de l’espace pour relâcher sa politique monétaire.

La politique budgétaire: elle est très utile pendant une crise profonde comme à l’heure actuelle, ce qui appelle à se préparer des marges de manoeuvre pendant les vaches grasses pour pouvoir intervenir pendant les crises (voir notamment les pays d’Europe de l’Est dont la situation budgétaire les a empêché d’avoir un plan de relance massif). Mais elle est peu efficace pendant les crises « moyennes » parce que préparer les mesures budgétaires, les organiser puis les mettre en oeuvre (les dépenser) prend souvent plus d’un an et la crise est passée. Je trouve l’argument assez peu convainquant car les Etats « vertueux » ne sont pas épargnés lors d’une crise très grave, qui est apparamment le seul moment où on ait besoin. Ceci posé, je suis tout à fait d’accord que jeter l’argent par les fenêtres quand la croissance est là est une très mauvaise idée.

Une idée nouvelle et qui va loin: la réhabilitation des stabilisateurs automatiques. Comme les mesures budgétaires sont trop longues à intervenir, il faut des systèmes immédiats et déjà dans les tubes. L’exemple type: l’assurance-chômage, l’impôt progressif sur le revenu. Et donc le FMI appelle, tenez-vous bien dans le texte à « augmenter la taille de l’Etat ou rendre les impôts plus progressifs ou rendre la sécurité sociale plus généreuse ». Par ailleurs, il propose de mettre en place des mesures de plan de relance automatique qui se déclenchent dès le franchissement de certains indicateurs (de préférence le taux de chômage).

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le FMI est en train d’évoluer…

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