La confiance, potion magique

REUTERS/RALPH ORLOWSKI

Un tout ptit billet en forme d’interrogations sur la notions de confiance en économie, telle qu’on nous la ressort en permanence…

La seule justification, en théorie économique, de l’indépendance de la banque centrale est qu’elle confère une crédibilité à la stabilité de la lutte contre l’inflation. Elle crée donc une confiance de la part des acteurs économiques, qui vont pouvoir à moindre coût ajuster à terme leurs comportements économiques. Logique?

Sauf que selon une première étude de Posen, il est impossible de constater, dans le processus historique de désinflation des années 80, des comportements compatibles avec cette théorie. Notamment, la mise en place, ou non de l’indépendance de la banque centrale est sans effet discernable sur l’évolution des modes de négociation salariale ainsi que sur les structures de prix, et donc sur le fonctionnement de la boucle prix-salaires qui est un peu au coeur de la notion d’inflation. Voire pire, les effets observés sont inverses à ceux attendus.

Sauf que, selon une seconde étude plus récente, plusieurs pays ont fait leur désinflation sans indépendance de la banque centrale, et la plupart des autres avaient achevé leur désinflation quand ils ont mis en place cette indépendance. Par définition, le caractère irrévocable de l’indépendance n’a donc pu avoir aucun effet sur la lutte contre l’inflation à l’époque, qui est passée par d’autres canaux entièrement.

Ce qui m’amène en réalité à un autre sujet : l’austérité. J’ai beaucoup écouté et lu depuis quatre ans nos banquiers centraux. D’après eux, l’austérité budgétaire des Etats, inscrite dans la règle d’or, aura pour effet de signaler aux marchés une solidification de la politique en matière de déficit, et donc de leur permettre de calculer avec confiance des taux d’intérêts plus bas pour les pays concernés, le risque de prêt étant connu.

Euh… C’est moi ou ça marche pas des masses? Il me semble que des pays qui ont un déficit intéressant, comme les USA, peuvent emprunter à des taux réels négatifs, alors que des pays qui ont pris des engagements crédibles (Grande-Bretagne, Espagne, Irlande) et en payent le prix de manière terrible ne voient pas les marchés leur sourire des masses. Plutôt l’inverse en fait.

Et si par hasard (mais juste par hasard hein) la confiance ne se décrétait pas simplement par des normes impératives pour le politique? Et si d’autres canaux économiques jugés adaptés à la situation de l’instant par les acteurs du marché

Et si en période de crise, ce n’était pas l’interdiction du politique qui rassurait les marchés, mais son exercice?

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