Chavez le dictateur antisémite

Déchaînement de la presse ces derniers temps sur Chavez, dictateur du Venezuala et antisémite. Vraiment?

Commençons par le plus simple, l’antisémitisme: Dans un de ses discours, Chavez attaque « les descendants de ceux qui crucifièrent le Christ ». Le propos est aparemment clair et toute personne élevée à l’antisémitisme catholique aura compris, sauf que non. Il existe en amérique latine une branche un peu particulière du catholicisme, cousine très proche du mouvement des prêtres ouvriers en France et fort peu goûtée par la hiérarchie de l’Eglise. La théologie de la libération, pour faire simple, c’est la lutte des classes version catholique: le peuple est assimilé au Christ souffrant, et les méchants capitalistes le crucifient. L’analyse est pour partie morale (traiter son prochain comme soi-même) et pour partie religieuse, le culte de l’argent étant considéré comme idolatre et un détournement loin de Jésus.

http://www.espacoacademico.com.br/017/17clowy.htm

« Cette problématique sera l’objet d’une analyse approfondie et novatrice dans le remarquable livre commun de Hugo Assmann et Franz Hinkelammert, L’idolatrie du marché. Essai sur l’économie et la théologie (1989). Cette importante contribution est la première, dans l’histoire de la théologie de la libération, qui est explicitement dédiée au combat contre le système capitaliste défini comme idolâtrie. La doctrine sociale des Eglises n’avait exercé, le plus souvent, qu’une critique éthique à l’économie « libérale » (i.e. capitaliste); or, il faudrait aussi, souligne Hugo Assmann, une critique proprement théologique, qui dévoile le capitalisme comme fausse religion. En quoi consiste l’essence de idolâtrie du marché? Selon Hugo Assmann, c’est dans la théologie implucite du paradigme économique lui-même, et dans la pratique dévotionelle fétichiste quotidienne que se manifeste la « religion économique » capitaliste. Les concepts explicitement religieux qu’on trouve dans la litterature du « christianisme de marché » – par exemple, dans les discours de Ronald Reagan, dans les écrits des courants religieux néo-conservateurs, ou dans les oeuvres des « théologiens de l’entreprise » comme Michael Novack – n’ont qu’une fonction complémentaire. La théologie du marché, depuis Malthus jusqu’au dernier document de la Banque Mondiale, est une théologie férocement sacrificielle: elle exige des pauvres qu’ils offrent leur vie sur l’autel des idoles économiques.

Franz Hinkelammert, pour sa part, analyse la nouvelle théologie de l’Empire Américain des années 70 et 80, fortement imprégnée de fondamentalisme religieux. Son dieu n’est autre chose que « la personnification transcendentalisée des lois du marché », et son culte substitue la compassion par le sacrifice. La divinisation du marché crée un dieu de l’argent, dont la devise sacrée est inscrite sur chaque billet de dollar: In God we Trust (H.Assmann, F.Hinkelammert, 1989, pp. 105, 254, 321). »

« Les descendants de ceux qui crucifièrent le Christ », c’est donc les patrons locaux, les multinationales, l’armée et les USA. Les juifs n’ont rien à voir là-dedans. Pour les Vénézueliens à qui il était destiné, le message est parfaitement clair.

Quant au reste, je ne fais pas une prière à Saint-Chavez avant de me coucher, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. Mais dans le genre dictateur, faut plus avoir honte si on veut continuer à sortir l’argument après un processus électoral pareil. Surtout quand on voit qui est son opposition, très démocratique, pour le coup…

Voila donc un président élu démocratiquement, qui veut pouvoir se réprésenter (oh mon Dieu, mais alors comme en France???), qui fait un référendum dans cet esprit, avec l’ensemble de la presse privée contre lui qu’il n’a donc pas mise au pas (oh mon Dieu mais alors pas comme en France?), qui le perd de peu donc sans avoir bourré les urnes et qui n’en conteste pas le résultat. Des dicrtateurs de ce style, j’en redemande.

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