Sego, une candidate en toc

Deux arguments ont prévalu dans la désignation de Ségolène Royal lors de la primaire du PS: « elle est neuve », mais surtout « elle va gagner ». L’expérience nous ayant un peu déçu à se sujet, penchons nous un peu sur les leçons de cette « victoire ». Ses partisans nous serinent en effet depuis l’élection qu’elle est devenue incontournable car elle a accru le score du PS à la présidentielle, et que comme Mitterand naguère elle est désormais en position de créer une dynamique de long terme.

Vraiment?

Gauche 1995: 40,84%

Droite 1995: 59,16%

Gauche 2002: 42,89%

Droite 2002: 57,13%

Gauche 2007: 36.44%

Droite 2007: 45%

Modem 2007: 18,57%

Jospin (candidat commun PS + MRC + PRG) 1995 : 23,30%

Jospin + Chevènement  + Taubira 2002 : 23,83%

Ségolène (candidate commune PS + MRC + PRG) 2007 : 25,87%

Verts et gauche de la gauche 1995 : 17,54%

Verts et gauche de la gauche 2002 : 19,0%

Verts et gauche de la gauche 2007 :10,57%

A quoi tient donc la performance de Ségo au premier tour? A deux éléments. Contrairement à Lionel Jospin en 2002, elle a une candidature commune avec le MRC et le PRG  (avec laquelle il aurait été présent au second tour). Mais surtout, elle a bénéficié de la moitié des voix des Verts, du PCF et des trotskystes!!! La volonté de voter utile et le spectre du cafouillage de 2002 a permis à la candidate de la flexibilité des marchés, du refus de l’impôt et d’une politique de sécurité plus musclée de rafler 8,5 points sur sa gauche!! Cependant, elle ne fait que 2 points de plus que Jospin à la présidentielle précédente. Elle a donc perdu environ 6,5% au profit… de François Bayrou.

Dans la recherche d’un vote utile anti-sarko, le choix était entre Royal et Bayrou. A gauche, un vote massif a eu lieu en faveur de Ségolène, et bien évidemment: pour qui d’autre? Mais pour tout un électorat plus modéré, la possibilité de choisir était réelle. Alors que c’est à  eux que Ségolène a dédié sa campagne en rompant avec les dogmes du PS pour bien monter qu’elle incarnait une gauche à leur écoute, ils ont voté Bayrou.

Cet état de fait est malheureusement confirmé par le second tour: au premier on choisit, au second on élimine. La campagne d’entre-deux tours s’est donc déroulée sur une ligne simple: il faut arrêter Sarko. Elle a même reçu une forme de soutien tacite de Bayrou en ce sens. Pour quel résultat? Les électeurs ont choisi Sarkozy pour la fuir.

Et maintenant, soyons un peu cruels à destination des fans irréductibles.

Second tour 1995 Jospin: 47,36%

Second tour 2007 Ségolène: 46,94%

Pour mémoire, en 1995 le PS était noyé dans l’échec économique et social, éclaboussée par les affaires, le suicide de Béré, le sang contaminé…Lionel Jospin avait été désigné en catastrophe et sans aucun projet après le refus de Jacques Delors, et son passage au second tour avait été une surprise alors qu’on attendait un duel Chirac-Balladur. Autant dire que personne n’attendait de lui qu’il fasse un score.

La différence avec 2007 est proprement vertigineuse: Sarkozy impopulaire, pris dans la faillite totale de sa politique sécuritaire et du fiasco des émeutes, haï par son propre camp qui monte des scandales contre lui. En face, une candidate bénéficiant de l’impulsion des primaires, l’intérêt des français se portant sur les thèmes de gauche (emploi, puis pouvoir d’achat, puis inégalités sociales et seulement ensuite la sécurité), disposant d’un programme du PS incomplet mais dont les mesures existantes sont préférées par les français à celles de la droite précisément sur ces thèmes. Et elle fait le plus mauvais score du PS depuis 1969. Dans le genre, c’est assez impressionnant.

Candidate encore? Plus jamais!

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