Touche pas à ma poste !!
Demain, je tiens l’urne du 78, rue Taitbout (Paris 9ème) pour la votation citoyenne sur le changement de statut de La Poste. Le Gouvernement (et ses dirigeants actuels) souhaitent la transformer en société anonyme.
Dans le principe, seules des personnes publiques entreraient au capital et notamment la Caisse des dépôts et consignations. De cette manière, La Poste pourrait lever 2,5 milliards d’euros pour affronter la libéralisation du marché postal en France, et pour nouer des partenariats industriels.
La belle histoire ! L’Etat a passé un contrat de service public avec La Poste, selon lequel il finance ses activités de service public qu’elle n’entreprendrait pas d’un simple point de vue commercial (présence dans les campagne, etc…). Or l’Etat ne paie pas à La Poste les sommes qu’il lui doit en vertu de ce contrat, qui se montent en 2007 à environ 600 millions. Ne parlons même pas de l’investissement de base dans l’entreprise. Pour financer le fonctionnement du service public, c’est disette ! Par contre, quand il s’agit d’aller racheter d’autres postes en Europe pour prendre pied sur d’autres marchés, on trouve de l’argent.
Est-ce que ça ouvre la voie à une privatisation ? Qui en doute encore, après l’épisode GDF, vendu à Suez après toutes les assurances de rigueur ? D’ailleurs, La Poste fonctionne de plus en plus comme une entreprise privée. Recours au travail précaire autant que possible, instructions aux guichetiers de ne proposer que les produits les plus chers pour des services équivalents, et même de refuser autant que possible de vendre les moins chers (contrats indisponibles, etc…), il n’est pas difficile de juger vers quel modèle La Poste s’oriente actuellement.
Et la banque postale ? Seule banque acceptant encore tout le monde ou presque, elle est également une des plus solides de la place de Paris, ayant fort peu participé au jeu boursier. Bizarrement, personne n’en parle dans le mistigri du changement de statut, mais beaucoup de gens y pensent. En vendre une partie – pardon, « s’allier à un partenaire stratégique » serait une bonne manière de trouver de l’argent pour acheter les entreprises postales des pays voisins – pardon, « nouer des partenariats stratégiques ».